30 mai 2012
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Hier, le Dr Legmann a dévoilé les nouvelles propositions du Conseil de l'Ordre
concernant la démographie médicale.
Alors que la moitié des internes de médecine générale est en situation de burn out, le Conseil de
l’Ordre propose de prolonger le calvaire des études médicales en obligeant un jeune médecin, à la sortie de ses études, à exercer cinq ans dans la région où il a été formé. Les lieux d'exercice
seraient déterminés à l'intérieur de chaque région sous la conduite des ARS (agences régionales de santé) et "en liaison étroite avec le conseil régional de l'Ordre".
La faisabilité d'une telle mesure est difficile à concevoir, puisqu'elle remet en cause le
caractère national du diplôme de Docteur d'Etat en Médecine.
Mais au-delà de l'incompatibilité de cette proposition avec notre droit républicain
et le droit communautaire, cette mesure constitue une discrimination envers les jeunes générations de médecins. Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) rappelle que les
"jeunes" médecins sont globalement âgés de 28 à 37 ans, les femmes représentent plus de
65 %, et pour l'écrasante majorité, ils vivent en couple et ont déjà constitué des familles...
Le SNJMG, syndicat indépendant rassemblant internes, remplaçants et jeunes installés ou salariés en Médecine
Générale, est sensible aux problèmes d'accès aux soins dans
notre pays. Ces problèmes s'aggravent alors que d'après les études de la DREES, le nombre de médecins n'a pas cessé d'augmenter, que la répartition des médecins sur le territoire s'est
améliorée ses 10 dernières années et que les médecins généralistes constituent l'une des professions les mieux réparties en France.
La proposition discriminatoire du Conseil de l’Ordre révèle une étonnante méconnaissance de la
réalité du terrain et une absence totale de vision stratégique pour notre système de santé. Surtout, elle ne résoudra pas les problèmes d'accès soins (qui sont liés d'une part à la désorganisation
et à la dispersion des moyens de médecine ambulatoire, et d’autre part à des causes financières : franchises médicales, dépassements d'honoraires...).
Le SNJMG s'interroge sur le couplage de cette prise de position avec l'avis du Conseil de l’Ordre
autorisant les médecins à se faire payer 3 à 4 fois le tarif conventionnel de Sécurité Sociale : Les médecins exerçant des dépassements d'honoraires sont donc autorisés à continuer de
quadrupler le "tarif Sécu" quand les jeunes médecins généralistes se doivent d'être corvéables et à la disposition des ARS et du Conseil de l'Ordre.
Si l'Ordre voulait opposer les spécialistes et les généralistes d'une part, les jeunes médecins
et leurs prédécesseurs d'autre part, il a très bien réussi sa manoeuvre...