C'est demain que doit être remis au ministre de la Santé, Mr Xavier Bertrand, le rapport d'enquete de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) sur le Mediator.
Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) qui rassemble internes, remplaçants et jeunes installés en Médecine Générale attend beaucoup de ce rapport et surtout des décisions qui pourraient en découler.
En effet, les jeunes médecins généralistes qui ont subi dans leur pratique la désastreuse gestion de la grippe H1N1
n'oublient pas que malgré les sévères critiques des commissions d'enquête parlementaires, les pouvoirs publics n'ont tiré aucun enseignement de cet épisode et que les
principaux protagonistes ne regrettent rien : si c'était à refaire, ils agiraient de la même manière !
Après la grippe H1N1, l'affaire du Mediator met en évidence deux maux endémiques du système de soins français :
l'omniprésence de l'industrie pharmaceutique (universités, hopitaux, laboratoires de recherches, organisations de médecins et de patients, agences sanitaires, ministere, parlement) et un retard
en matiere de pharmacovigilance.
L'industrie pharmaceutique est tellement présente dans le système de soins que les pouvoirs publics en sont venus à juger suspect
tout avis indépendant de celle ci (cf : grippe H1N1). De la même façon, et de tous temps, les ministères privilégient les syndicats médicaux et associations de malades financés par les labos aux
syndicats médicaux et aux unions de consommateurs indépendants de l'industrie pharmaceutique. Enfin, les pouvoirs publics n'ont jamais mis en place de véritable politique de
transparence en matiere de conflit d'interet.
Se rajoute à ce lourd héritage le retard en matière de pharmacovigilance : agences sanitaires sous dotées
financierement, circuit du médicament éclaté entre différentes commissions, peuplées des quelques experts méprisant tous ceux qui n'appartiennent à leur microcosme (médecins
hospitaliers de province, médecins généralistes et pharmaciens indépendants de l'industrie pharmaceutique), procédures peu efficientes de signalement...
Aussi, le SNJMG propose t il :
-
l’élaboration d’une déontologie de l’expertise donnant toute sa place à l’expertise indépendante, dans un
système d’expertise systématiquement contradictoire et pluraliste et dont les délibérations comme l’ensemble du processus de décision seraient transparents,
-
la création d’une agence chargée de recueillir les déclarations de
conflits d’intérêts et de vérifier que toute personne physique ou morale intervenant dans la santé en fasse la publicité dans chacune de ses
communications,
- la révision de tout le système de pharmacovigilance (signalement, veille et alerte)
NB : Le SNJMG est un syndicat indépendant dont le financement provient essentiellement des jeunes médecins généralistes. Il refuse tout financement de l'industrie pharmaceutique, de l'etat, de la sécurité sociale, du conseil de l'ordre des médecins et des unions de professionnels de santé.